" La première fois "
Par Patrice Roussel alias "FacelVega"
Tous mes remerciements à Patrice pour avoir répondu à mon invitation dans ces colonnes et pour la qualité de son travail,
témoignage fantastique de ce que peut ressentir un débutant dans nos courses et qui j'espére vous donnera envie de nous rejoindre...
C’est en plein milieu de la nuit que j’ouvre un œil, regarde rapidement mon bracelet-montre. Mince, il est 6H, et pourquoi il n’a pas sonné ce maudit réveil ? Je saute sur mon mobile et appelle mon camarade de club qui déjà doit être en bas de chez lui à m’attendre « Allo, je viens de me réveiller……oui, le réveil n’a pas fonctionné….oui, je fais au plus vite …..désolé »
Hop la douche, un jean qui traîne, une bouteille d’eau, une cracotte, les accus, la mallette, les clés de la voiture, le GPS, et on y va. T’in, c’est quand même tôt pour un dimanche, en plus, j’aurais pas dû boire à la fête hier soir. Heureusement, la badoit est mon amie…
A4, A86, direction Choisy le roi, juste un pit-stop pour récupérer mon collègue qui lui a monté sa nouvelle mini-Z la veille au soir (fête ou bricol, choisit ton camp camarade).
« Salut, la forme ?
Ta femme fait pas trop la gueule ?
Tu sais par où on passe pour aller à Sens ?
Désolé, pour le retard, mon réveil était paramétré pour ne pas sonner le week-end, j’avais oublié quand je l’ai réglé hier soir pour 5h15.
Pff, on est à la bourre… »
L’autoroute avant 7h du mat le dimanche, c’est …..vide. Le régulateur à 140 et on taille la route.
«aller, on n’est plus très loin et on devrait arriver avant 8H
c’est quoi ce con qui me fait des appels de phare alors qu’on vient de le dépasser ? J’ai les feux arrière qui sont en rade ou quoi ?
Waaarf, les autres du RC94, ils sont en retard comme nous. Tu vas voir, on va tous arriver ensemble à Sens comme à la parade »
« Vous arrivez à destination » dit la petite voix odieuse du GPS.
On quitte l’habitacle protecteur de la voiture : il fait froid dehors à 8h le dimanche matin.
On arrive dans le local du club, tout est prêt, les tables sont réservées pour le RC94 et le café est chaud. Il doit y avoir un type dans le coin qui à gagné des sous en vendant des prises multiples ; y’en a partout, un peu comme des guirlandes de Noel. Y’a aussi pas mal de monde et on est un peu serrés dans les stands.
C’est donc ma première course, 1 mois après avoir acheté ce petit bolide que je trouvais marrant dans la vitrine de ce magasin. Quand ma femme m’a dit « ben, tu n’as qu’à la prendre » elle ne savait pas encore quelle erreur elle venait de commettre. La semaine d’après, je rencontrais Stef, Fabrice (S), Gaby, Mathieu, Emeric, Jérome, Kevin….au RC94 et commençais à rouler sur une piste.
Et voila donc que je découvre la piste de Sens. « Tu vas voir, c’est vraiment étroit sous le comptage » m’avait prévenu Fabrice
Ah oui, effectivement, ce n’est pas bien large. En revanche, le local est vraiment bien éclairé et la moquette, même si ça laisse des poils partout dans l’auto, c’est sympa à rouler.
On s’installe donc, ouvre la caisse, sort la radio, l’auto, les accus et le chargeur. Je change rapidement les roues de mon auto pour passe en pneus caoutchouc (pneus mousse interdits en « standard »), pose un pack d’accus chargé la veille dans l’auto et c’est prêt.
Il nous reste 15 minutes pour aller essayer la piste avant le début des qualifications. Là, c’est la jungle. Tout le monde est sur la piste en même temps, les chicanes mobiles et les pros. Ouille, on dirait que ça roule très fort. J’espère qu’il y aura des vrais débutants, pas que des spécialistes qui arrivent avec des voitures magiques (de ces voitures qui passent les virages on ne sait même pas comment).
Voila, c’est la fin des essais. Je n’ai pas encore compris comment je devrais rouler sur ce revêtement. On dirait que c’est à la fois accrocheur et aussi progressif dans les pertes d’adhérence. Bon, je ne vais pas faire le spécialiste, je suis débutant et bien incapable de régler une auto, voir ce qu’il faut faire pour améliorer son comportement. Mon objectif sera le suivant : faire la première course, ne pas prendre trop de stress, essayer de rouler proprement et trouver un café parce que 6h du mat un dimanche, c’est quand même tôt gnagnagnagnagna….
La première course de qualification est pour les autos 1/18. C’est la première fois que j’en vois. Ca a l’air très sympa. Apres, c’est aux mini-Z de jouer. Il y a 2 poules de qualification pour les mini-Z standard (les débutants ou pseudo-débutants) et deux poules pour les élites (ceux qui roulent avec des voitures magiques).
Le premier point important est de faire reconnaître sa puce de comptage par le système. Et tout de suite, on voit la différence entre les voitures magiques et les voitures standard. Le système de comptage a une nette préférence pour les voitures magiques : elles passent vous le portillon et tout de suite sont reconnues. Les voitures standard elles doivent faire mille courbettes avant que le portillon ne leur parle. Quand mon auto est arrivée devant le cerbère, je me suis un peu senti comme Mohamed qui essaye de renter chez Régine un Jeudi soir : Ce n’est pas que le cerbère la repousse, il ne lui parle même pas, il l’ignore. Forcement, on commence à s’inquiéter : « pourquoi ça ne marche pas avec moi »
Gaby est au RC94. Il voit mon désarroi et vient immédiatement m’aider. Il prend mon auto. On tire un peu sur les fils et celui d’alimentation de la puce lapZ nous reste entre les doigts. En 30 secondes, il trouve un fer à souder, un coup de dent pour dénuder le fil et tel Mac Gyver, il rebranche la coquine. Je repasse l’auto sous le Cerbère juste avant le départ des qualifs et… ça marche moyen : un coup oui, un coup non. Pourtant, au club de Sucy, ça chronométrait mes tours et la puce clignote. Ma premier leçon a été ce comprendre que la puce devait être collée bien en avant du châssis car le faisceau passe à travers le pare-brise. Trop en arrière, elle est cachée sous le toit et ça « merdouille ». Entre temps, Mac-Gaby avait trouvé un bout de double face et avancé la puce de 5 millimètres. Ca y est : le cerbère me reconnaît 30 secondes avant le départ.
Il y a donc 3 séries de 5 minutes pour classer les concurrents et décider qui des 10 plus rapides iront faire la finale A. Le départ des qualifications se fait lancé et le temps de chacun est décompté à partir de l’instant où il passe devant le cerbère. Il n’y a donc aucun intérêt d’aller en découdre avec les petits copains. Je choisi de temporiser un peu, laisser du monde partir devant pour avoir une piste propre et éviter de me faire sortir. Cà me permet aussi de mieux comprendre le tracé et le revêtement sans m’occuper des autres. Je roule très prudemment, trop sans doute. Ce sera comme ça toute la journée car je perds vraiment trop de temps quand je sors.
La première manche de qualification se termine. Le sentiment est que, comme on me l’avait dit, rouler en course et rouler en détente, ce n’est pas la même chose. Au club, on reste dans les stands 5 minutes et on roule 30 minutes. En course, c’est l’inverse. Ca veut dire que les 5 minutes sur la piste sont intenses et qu’on les aborde différemment : Même si on a décidé au départ qu’il n’y a pas d’enjeu, on s’est tout de même levé bien tôt et on n’est pas là pour sucrer des fraises. Donc, quelque soit le niveau et les enjeux, on a de la pression et c’est intéressant de voir comment chacun réagi. Comme toute compétition et dans toute discipline où la concentration est importante, le problème est de « se lâcher ». Connaître la frontière entre trop et très bien est ce que l’on apprend au fur et à mesure. Pour ma part, je suis loin de « très bien ». D’autres ont tendance à faire « trop ».
La première manche de qualification est terminée, je suis dans le milieu du groupe. Le premier objectif est atteint : j’ai ma place dans ce genre de course. Les manches deux et trois seront semblables avec une légère progression à chacune fois que je roule, un peu plus de confiance aussi. Rester prudent me permettra d’être régulier et d’atteindre mon second objectif : être qualifié pour la finale A.
Avant la pause de midi, on a la possibilité de faire quelques essais libres à nouveau. Ca permet de rouler plus vite, de prendre plus de risques et de mieux comprendre comment on peut progresser. Mon dernier objectif de la journée sera de finir mieux que ma place de qualification. Les premiers qualifiés sont vraiment beaucoup plus forts et pourraient allégrement rouler en Elite (le gagnant de la finale A standard aurait fait deuxième de la finale B Elite). Apres, les niveaux sont comparables et il y a une vraie bagarre.
Entre les manches, on regarde les copains rouler. Les voitures magiques sont vraiment…. Magiques. Ca roule comme des vraies, les unes derrière les autres pendant des tours, les trajectoires sont belles et l’erreur, la touchette se payent cash. Un jour, j’aurai une voiture magique moi aussi. Je gagnerai encore deux places en finale.
Mes sentiments à l’issue de cette première course sont les suivants :
1) tout le monde a sa place dans ce type de course. Le plus important a mon niveau est d’avoir une voiture fiable avant même de piloter finement ou d’avoir le super moteur de la mort qui enrhume-tout-le-monde-dans-la-ligne-droite,
2) ça me plait et il faut faire des courses à côté de rouler tranquillement au club,
3) je suis trop resté sur la réserve et aurais pu faire mieux. C’est l’expérience qui permettra de progresser,
4) l’ambiance est crispée mais aussi sympa. On apprend à mieux connaître ceux que l’on croise au club avec en plus la sensation de vivre quelque chose ensemble,
5) on ne roule pas beaucoup. Avec le déplacement, cela a fait 14H consacrées à cette course pour moins de 1h de pilotage (en comptant les essais libres).
La prochaine fois, ma voiture sera mieux réglée, la puce bien installée et mon pilotage sera amélioré. Je me suis fixé des nouveaux objectifs : faire un podium de finale A standard en 2009 et avoir une voiture magique l’année suivante. Je voudrais enfin remercier le club de Sens pour l’organisation et en particulier Jokers pour sa disponibilité (et aussi pour la puce qu’il a prêté à mon camarade étourdi…) et aussi les membres du RC94 pour m’avoir fait découvrir la Mini-Z et m’aider à rouler avec.
C’était un « bon dimanche… sous vos applaudissements »
Cette nuit, je vais rêver d’une jolie piste à côté de la maison, avec un tracé fait de jolies courbes, des vibreurs blancs et rouges, des grands dégagements en moquette verte, ouvert 24h/24, où on peut rouler… rouler… rouler …… rouler….
